Cacouna-Le Bic
Quatre fois plus d91Pornccidents mortels sur la route 132 que sur l91Pornutoroute 20 en dix ans
Le gouvernement du Québec a confirmé dans son Plan québécois d’infrastructures 2023-2033 déposé la semaine dernière que le projet de prolongement de l’autoroute 20 entre Notre-Dame-des-Neiges et Le Bic se trouve toujours parmi «les projets de 100 M$ et plus à l’étude». Le débat entourant le prolongement de l'autoroute fait encore rage dans la région de Rimouski et dans les localités de Trois-Pistoles et Notre-Dame-des-Neiges.
Info Dimanche a recensé tous les accidents graves et mortels survenus entre 2011 et 2021 sur l’autoroute 20 et sur la route 132 entre Rivière-du-Loup et Rimouski (secteur le Bic)*. En dix ans, 25 personnes ont perdu la vie lors de 20 accidents de la route sur ces deux axes. Environ 84 % d’entre elles, soit 21 victimes, sont décédées sur la route 132.
On recense 4 collisions mortelles sur l’autoroute 20, comparativement à 16 sur la route 132 entre 2011 et 2021. Ces données doivent être mises en perspective avec l’ouverture graduelle de tronçons de l’autoroute 20 entre Cacouna et Notre-Dame-des-Neiges et le fait que l’autoroute 20 (longue de 24,4 km) se termine à Notre-Dame-des-Neiges. La route 132 entre Cacouna et Le Bic s’étend sur 76 km. Ce point sera abordé plus sous l’intertitre Débit de circulation.
Dans le secteur où serait construit le prolongement de l’autoroute 20, 45 personnes ont subi des blessures graves et 113 automobilistes et leurs passagers ont été impliqués dans des accidents graves ou mortels sur la 20 ou la 132.
Ce tronçon de 53 kilomètres projeté entre Notre-Dame-des-Neiges et Rimouski se trouve toujours dans le Plan québécois des infrastructures 2023-2033 parmi les projets de 100 millions de dollars ou plus à l’étude. Il pourrait aussi comprendre la construction d’un pont supplémentaire au-dessus de la rivière Trois-Pistoles.
Source : ministère des Transports et de la Mobilité durable
RÉACTIONS POLITIQUES
Le maire de Trois-Pistoles, Philippe Guilbert s’est prononcé contre le prolongement de l’autoroute 20 à tout prix entre Notre-Dame-des-Neiges et Le Bic. «Tout le monde s’entend sur le constat qu’il y a des lacunes de sécurité sur la route 132 […] Il faudra trouver des alternatives, parce que 20 ou pas 20, la 132 continuera de ne pas être sécuritaire.»
Il croit que la construction d’une 91Porn route ajoutera un risque supplémentaire, surtout si les voies sont contiguës, comme c’est actuellement le cas dans le secteur de l’autoroute 20 entre Cacouna et L’Isle-Verte, puisque les véhicules pourront y rouler à une vitesse plus élevée. Les statistiques ne démontrent pas cette affirmation.
Le maire de la Ville de Trois-Pistoles voudrait que l’option d’adoucir les courbes et de diminuer les pentes de la 132 soit envisagée, plutôt que de «ravager tout un tronçon pour construire une autre route parallèle. Plusieurs municipalités seront traversées par une autoroute, il y a des producteurs agricoles et acéricoles sur le tracé. Il faut prendre tout cela en compte.»
Il rappelle que ce débat revient sur le tapis à chaque fois qu’un drame se produit sur la route 132. «Au fond, la position de la Ville, c’est prouvez-moi qu’on a tort. Il faut considérer la route 132 comme une option et faire un comparatif afin de prendre une décision éclairée. Faites les études.»
Philippe Guilbert déplore que le prolongement de l’autoroute 20 soit présenté comme la meilleure solution par le ministère des Transports, et aussi la seule. Pour le moment, il veut laisser plus de place au débat citoyen.
De son côté, le maire de Notre-Dame-des-Neiges, Jean-Marie Dugas, indique que le conseil municipal a décidé de ne pas prendre position dans ce dossier pour le moment. Il souligne que le trajet de la partie qui se trouve sur le territoire de sa municipalité a été approuvé et fait l’objet de toutes les autorisations nécessaires. «On sait pertinemment que le projet de réfection de la route 293 s’en vient d’ici deux ans. Nous avons des intérêts là-dedans puisque nous voulons faire passer notre réseau d’aqueduc. Le prolongement de l’autoroute 20 ne peut pas se faire avant la fin du chantier de l’autoroute 85. C’est donc très loin à l’horizon», conclut Jean-Marie Dugas.
La députée de Rivière-du-Loup-Témiscouata, Amélie Dionne, indique que depuis que les tronçons de l’autoroute 20 ont été ouverts, le nombre d’accidents mortels a connu une baisse significative. Elle rappelle que le gouvernement du Québec prévoit le prolongement de l’autoroute 20 pour des raisons de mobilité, d’accessibilité et de sécurité.
«On s’entend tous sur la question de l’amélioration de la sécurité routière. Avant d’aller de l’avant, il va y avoir une actualisation du projet avec deux comités, dont un comité de suivi formé d’élus et un autre comité de vigilance environnementale. Les gens pourront s’exprimer avant que les pelles mécaniques ne s’activent. On va suivre ce projet et s’assurer que tout le monde est en phase. Nous voulons nous assurer que nous avons l’acceptabilité sociale», complète Amélie Dionne.
DÉBIT DE CIRCULATION
Le porte-parole du ministère des Transports et de la Mobilité durable, Jean-Philippe Langlais, souligne que le risque d’accident est directement lié au débit de la circulation. «Les risques sont diminués lorsque le débit est moins élevé».
Selon les données de 2018 du ministère des Transports, le débit journalier moyen annuel varie entre 6 400 et 7 400 véhicules par jour sur la route 132 entre Notre-Dame-des-Neiges et Rimouski (secteur Le Bic).
«La moyenne augmente de façon significative en période estivale sur la route 132 entre Notre-Dame-des-Neiges et Rimouski, pouvant atteindre jusqu’à 10 300 véhicules par jour entre la municipalité de Saint-Fabien et le secteur du Bic, à Rimouski.»
C’est d’ailleurs sur la route 132, entre Notre-Dame-des-Neiges et le secteur du Bic, que l’on recense le plus d’accidents (toutes gravités confondues) entre 2011 et 2021, soit 1 000, d’après les données transmises par le ministère des Transports du Québec. Cette statistique représente 61 % de tous les accidents survenus sur la route 132 et l’autoroute 20 entre Cacouna et Rimouski (secteur Le Bic) en dix ans.
Le débit journalier moyen annuel des dernières années sur l’autoroute 20, entre Cacouna et Notre-Dame-des-Neiges, est d’environ quatre fois supérieur à celui sur la route 132. D’après les données de 2018, 7 000 véhicules par jour circulaient sur l’autoroute 20 entre Cacouna et L’Isle-Verte, contre 1 710 sur la route 132.
MISES EN SERVICE
En décembre 2011, une portion de près de 10 km de l’autoroute 20 comprise entre Cacouna et L’Isle-Verte a été mise en service, nécessitant des investissements de 69 M$. Lors de cette même année, 107 accidents, dont 3 mortels et 6 graves, sont survenus entre Rivière-du-Loup et Le Bic sur la route 132.
Quelques années plus tard, en novembre 2015, le tronçon de 14,6 km de l’autoroute 20 reliant L’Isle-Verte à Notre-Dame-des-Neiges a été terminé, au cout de 145 M$. Il s’agit de deux voies avec une circulation des véhicules en contresens, même si ce tronçon porte l’appellation «autoroute 20». Des espaces de dépassement ont aussi été ajoutés à des endroits stratégiques.
À partir de Notre-Dame-des-Neiges, l’autoroute 20 s’arrête et les automobilistes doivent emprunter la route 132 vers l’est jusqu’au Bic, près de Rimouski, un segment d’une longueur de 53 kilomètres.
L’année 2015 a été la plus mortelle, avec sept décès, dont trois se sont produits lors de la même collision à l’intersection de la route 132 et de la rue Jean-Rioux à Trois-Pistoles. D’après l’Institut national de santé publique du Québec, les traumatismes routiers constituent l’une des principales causes de décès et d’hospitalisations au Québec.
En 2021, 347 personnes sont décédées sur les routes du Québec, ce qui représente une augmentation de 2,4 % comparativement à 2020 et de 0,7 % par rapport à la moyenne de 2016 à 2020.
*Ces informations sont tirées de la documentation publique de la Société de l’assurance automobile du Québec d’après les données transmises dans les rapports d’accidents remplis par les policiers du Québec.
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