Idéologie quand tu nous tiens
Pierre Lachaîne
Idéologie quand tu nous tiens
Nous apprenions récemment que la Bibliothèque publique juive de Montréal avait mis à l’index les ouvrages d’Élise Gravel, une auteure de contes pour enfants. Elle aurait fait référence aux horreurs que subissent les enfants dans la bande de Gaza. Elle a également fait référence aux enfants tués par le Hamas lors de l’attaque du 7 octobre dernier. Ses personnages sont une pomme de terre qui fait du vélo, un brocoli qui sait compter et une mouche qui parle au téléphone. Rappelons que l’ONU a déclaré que la bande de Gaza était le pire endroit sur terre pour les enfants. Les livres de madame Gravel ont été mis à l’index parce que l’on prétend qu’ils font la promotion de l’antisémitisme. Le directeur général de la bibliothèque, monsieur Alain Dancyger aurait pris cette décision, lui qui fut à la tête des Grands Ballets Canadien (GBC) pendant plus de 22 ans. À l’époque, il déplorait l’attitude du gouvernement Harper de passer le couperet dans les fonds destinés à la culture.
Le 8 février 2024, l’Assemblée nationale a appuyé unanimement une motion dénonçant la censure du député solidaire, Sol Zanetti en appui aux autrices Élise Gravel et Myriam Daguzan Bernier ainsi qu’à l’illustratrice Cécile Gariépy victimes de censure aux États-Unis et à Montréal. Mardi dernier, la candidate républicaine au poste de secrétaire d’État du Missouri, Valentina Gomez a brûlé au lance-flamme le livre Tout nu! Un livre québécois jeunesse traitant de questions liées à la sexualité.
La censure sous toutes ses formes c’est toujours inquiétant pour une société démocratique. Ce n’est pas sans nous rappeler la nuit de Cristal (Reichskristallnacht) en allemand où des milliers de livres furent brûlés dans la nuit du 8 au 9 novembre 1938 ainsi que durant le jour suivant.
Évidemment, la guerre entre Israël et le Hamas ne laisse personne indifférent. On peut comprendre que l’épiderme de certaines personnes des deux côtés des belligérants puissent devenir extrêmement sensible. Un conflit de cette nature et surtout de cette ampleur peut devenir quelque chose de bien pire encore même si c’est difficile à imaginer.
Selon l’ONU, la bande de Gaza ressemble à un No Man’s Land où la vie est simplement impossible. Malheureusement, il est bien difficile d’espérer le retour de la paix entre des gens qui souhaitent la disparition de l’autre et cela depuis longtemps.
Il faudra réapprendre à écouter, à dialoguer et à entrevoir la possibilité que l’autre ne pense pas comme soi. Surtout, proscrire le lance-flamme comme outil pédagogique bien que lorsqu’il est question des républicains, en particulier des trumpistes, il n’y a désormais plus rien pour nous surprendre. L’inimaginable peut devenir réalité à tous moments.
L’espoir demeure toujours au rendez-vous même s’il devient un exercice lancinant et pénible.
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