Point(s) de vue
Samuel Saint-Denis-Lisée
J’écrivais sur ce blogue l’an passé qu’on pouvait avoir une interprétation différente des événements en fonction de nos expériences et de nos valeurs (/blogues/blcitoyen/21117/cest-mon-interpretation). Au cours de cette dernière année, j’ai repensé à ce texte quelques fois et je l’ai même modifié en partie. Mes expériences de la dernière année avaient changé mon interprétation des événements. J’ai même eu l’occasion de rencontrer l’homme derrière l’inspiration du texte précité, mais mon opinion à son sujet a peu évolué. C’est difficile de changer ses préjugés.
Toutefois, dans le texte de l’an dernier, je n’avais pas abordé l’importance du point de vue. Je ne réfère pas ici au sens touristique du terme, mais de l’endroit, physiquement et psychologiquement, où on se trouve pour juger d’une situation.
Notre point de vue québécois sur le conflit entre Israël et l’Iran est évidemment bien différent de celui du citoyen de Jérusalem ou de Téhéran. Le point de vue de mes amis iraniens, vivant au Bas-Saint-Laurent, sur les événements d’en fin de semaine était aussi particulier.
Au début de la journée du samedi, alors que je pensais, à la lecture des médias occidentaux, que l’attaque était imminente, mon amie iranienne doutait fortement de la possibilité d’une telle éventualité. Puis, lorsque l’attaque a été lancée et annoncée, mon amie restait convaincue qu’elle serait sans conséquences majeures (en termes de dommages ou de morts).
Ayant été habitué à ce qu’on nous présente, dans les médias, l’Iran comme un dangereux pays possédant vraisemblablement l’arme nucléaire, j’avais de la difficulté à croire mon amie qui jugeait le pays comme étant plus inoffensif que ce que les caméras nous montraient en direct. Les résultats de l’attaque devaient pourtant lui donner raison.
Évidemment, ce sujet a accaparé une bonne partie de notre journée du samedi, alors que nous faisions un road trip à… Trois-Rivières. Mais entre le samedi et le dimanche, le sujet central et le point de vue avaient changé. Mon ami iranien s’était fait bombarder le cœur en voyant un autre homme chez son ex, à une heure qui laisse peu de place à la mésinterprétation. Alors, plutôt que de parler de géopolitique, nous avons parlé dans la journée du dimanche des rapports humains à plus petite échelle.
À une ère de surinformation et de désinformation, il est facile de juger trop rapidement et d’être catégorique dans notre opinion. N’oublions pas toutefois que nos opinions, nos interprétations, ne sont pas figées dans le temps. Laissons-nous alors une petite gêne dans nos propos et évitons d’être inflexibles dans nos positions.